L’automne était peut-être là, mais le temps restait chaud et sec. Et si les feuilles tombaient peu à peu sur les terres des Raven, rien d’autre ne semblait indiquer que l’hiver était sur le point d’apparaître. Il faisait bon et le vent qui soufflait paisiblement entre les branches des hauts arbres ne parvenait pas à venir à bout de la chaleur qui s’était installée depuis le début de l’été. Hannibal s’était reposée une bonne partie de la nuit, soufflant après sa dernière mission d’espionnage sur les terres d’une autre meute quelques jours plus tôt. Elle avait besoin de revoir un peu les siens et de profiter de la douceur des louveteaux. Elle joua d’ailleurs avec ces derniers jusqu’à ce qu’une sentinelle paniquée ne vienne faire un rapport ahurissant. Un mâle solitaire venait de pénétrer sur les terres des Raven, visiblement pour y chasser.

Hannibal n’attendit pas les ordres pour filer de son côté, elle avait tendance à aimer faire justice elle-même et n’était pas contre l’idée de croquer le jarret d’un loup un peu trop stupide qui s’était cru au-dessus des lois. Plus rapide que jamais, elle fila jusqu’aux abords du ruisseau féerique ou elle senti finalement l’odeur de l’étrangers. Elle le pista, alors qu’elle sentait monter en elle une colère sourde et aveugle. Il allait subir sa colère, c’était plus que certain. Enfin, elle le trouva, occupé à dévorer un sanglier juste sous son nez. Immédiatement, elle gronda à son intention. Il la regarda alors comme un parfait innocent, alors qu’il n’en avait en rien l’air. « Bonjour ? » Alors elle décida de sortir de l’ombre, dévoilant son pelage gris, parsemé de taches blanches. « Crétin arrogant qui a cru qu’il pouvait fouler nos terres et chasser nos proies en toute impunité » Son ton grondait alors qu’elle s’approchait peu à peu du loup sombre qui osait savourer le sanglier en toute impunité. Il avait le culot de croire que personne ne s’apercevrait de sa présence. Pire encore, il avait le culot de la saluer alors qu’elle l’avait prit la main dans le sac. Elle, générale des Iota chez les Raven ne laisserait pas ce crime être commis sans entrainer la moindre répercutions. Hors d’elle, elle s’avança de quelques pas. Elle s’apprêtait à lui sauter à la gorge quand une odeur familière lui parvint. Alors la louve ricana. Pauvre idiot de solitaire, il ne savait vraiment pas à qui il allait avoir a faire d’ici quelques minutes.

Hors RP:

Toute de noire vêtue, la mort s’approcha lentement. Le loup dont elle avait senti les effluves quelques secondes auparavant n’était autre que Jadis, l’adorable guerrier noir. Adorable pour les siens évidemment, car avec les autres, il se transformait soudainement en un guerrier redoutable que rien ne semblait pouvoir arrêter. La dernière fois qu’elle l’avait vu, le mâle arborait un pelage d’un noir jais sombrement terrifiant qui avait retenu son attention pendant quelques secondes. Aujourd’hui pourtant, lorsqu’elle le vit sortir des bosquets, elle fut un peu étonnée de constater qu’il était boueux et d’une odeur pas franchement agréable. Elle grogna légèrement à son intention pour lui faire comprendre que l’odeur n’était pas vraiment à son goût, mais était trop excitée à l’idée de pouvoir bientôt croquer dans la cuisse d’un solitaire pour s’en outrer davantage. « J'aime que l'on me traite de crétin, cela donne un charme. » Le sourire de la générale Iota s’étira légèrement sur ses babines, formant un rictus désagréable et pas franchement beau à contempler. Elle pouvait presque sentir le gout du sang de ce loup débile sur sa langue. Comme elle avait hâte, bon dieu comme elle avait hâte. « Moi je connais un intrus qui va se faire grignoter les oreilles ♫ » Et pas seulement les oreilles. Hannibal n’était pas général pour rien et elle avait gravit les échelons grâce à bien des compétences que certains ne lui soupçonnait guère. C’était une sorte de veuve-noire, de guerrière de l’ombre qui ne craignait ni la vie, ni même la mort. Alors un combat, s’il devait y en avoir hein, serait bien plus que divertissant pour la louve au doux pelage gris. Elle se contenta de ricaner, d’une voix grinçante et désagréable, qu’elle prenait parfois pour effrayer les louveteaux trop bruyants de la meute. « Tu as tué Monsieur Porc. Adieu les corps à corps. Bonjour les orphelins. Punissons cet assassin ! » Force fut pour la louve de constater que le guerrier avait également l’âme d’un poète. Comme l’autre semblait vouloir jouer les intéressants, elle l’ignora délibérément pour se tourner vers Jadis et baisser légèrement la tête pour saluer ses talents d’artistes. Si elle avait pu, elle l’aurait probablement applaudi. « Toi je t'aime déjà! » Bon sang, en plus d’être d’une stupidité sans faille, ce loup avait un égo aussi grand qu’une montagne. Comment avait-il fait pour rester vivant jusqu’ici ? « Je suis coupable ! Je l'avoue ! ». Le sang d’Hannibal ne fit qu’un tour et sa mâchoire claqua alors qu’elle grognait de nouveau contre lui. Il avait la stupidité d’esprit de croire qu’il ressortirait d’ici en un seul morceau. Il ne connaissait visiblement pas très bien les Ravens et leur réputation. Il aurait mieux fait de prendre la fuite, plutôt que de se pavaner comme il avait la prétention de le faire depuis quelques minutes. Stupide chien galeux.

Mais soudainement, le pelage de la louve grise se raidit et elle cru sentir une décharge dans son échine. Immédiatement, elle se calma. Avant de partir dans un grand fou rire. Elle avait perçu au loin le pas calme et pourtant si terrifiant de la Beta Raven qui depuis quelques temps avait prit le rôle d’Alpha. Bientôt, la sombre silhouette de la créature arriva à leur hauteur et vint se placer entre Hannibal et Jadis. « Ô quelle divine symphonie à mes oreilles... Mais que vois-je mes amis ?! L'on avait commandé un sanglier pour le dîner de ce soir... Et que me rapportez-vous là ? Un porc et son cannibale. » Aussitôt, la général Iota redevint calme et attendit les ordres, les yeux toujours rivés sur l’immonde bête qui aurait dû être un loup mais qui n’en avait absolument rien. Elle ne grognait plus et pourtant tous les muscles de son corps étaient bandés à l’extrêmes, attendant simplement les directives de la louve. Car au ton qu’elle venait d’employer, Hannibal savait que pour le mâle, la fin était proche. Et une fois mort, il deviendrait très difficile pour lui de rire et de se moquer des lois comme il l’avait visiblement fait jusqu’à présent. « Je crois que nous sommes le jour de l'ouverture de la chasse. » Hannibal hocha la tête et pourtant, son être tout entier était empli d’une frénésie effrayante, au bord de la folie. Elle s’imaginait mille et une façon plus sadique et plus barbare de faire du mal à l’étranger avant que Seishin n’exécute ce dernier. « Qu'en pensez-vous ? » Hannibal ricana alors que son regard croisait celui de la louve noire. Oh oui ! Oui, oui, oui et oui ! La chasse était ouverte. Lentement, le corps gris et imposant d’Hannibal commença à se déplacer sur le côté de l’étranger. Puis, lorsqu’elle arriva à hauteur de son flanc, elle s’abaissa contre le sol, se préparant au départ qui serait bientôt annoncé par l’autre femelle. « Va, va, vilain petit cochon, ou le grand méchant loup te mangera. » Hannibal ricana de nouveau et même si elle n’avait jamais envisagé de devenir cannibale, l’idée, sur l’instant, ne lui parut pas le moins du monde déplaisante. Tout ce qu’elle esperait désormais, c’était que l’autre prenne la fuite, pour qu’elle puisse le poursuivre. Ce serait bien plus excitant de cette façon après tout !