Le pas lent mais l’allure certaine, Archimède avança avec résolution jusqu’à l’intérieur des terres réservées aux solitaires pour se rendre à la Pampa Ocre qui, en cette saison il fallait bien l’avouer était davantage blanche que munie de couleurs de feux. Il était fatigué, éprouvé par la faim qui commençait doucement à se faire ressentir et par l’envie de se reposer, bien au chaud et à l’abris, au fond d’une tanière. Pourtant, il n’avait pour l’heure pas la moindre envie de rejoindre une meute, se sentant pleinement satisfait à l’idée de vivre sa vie de loup solitaire comme il lui chantait. Il s’arrêta pourtant en percevant l’odeur d’un autre loup un peu plus loin. C’était là une odeur forte et étrangement particulière, car, s’il était à peu près sûr d’avoir a faire à un loup solitaire, il décelait une once de quelque chose en plus qu’il était incapable d’interpréter autrement que comme étant l’odeur de la mort. Il retroussa ses babines, hésitant, mais comme la science et les curiosités de la nature avaient tendance à le fasciner au plus haut point, il décida de suivre le fumet jusqu’à son propriétaire.

Il ne chercha pas à se cacher, souhaitant pleinement rencontrer le loup à l’origine de ce parfum si particulier. Ce n’est que lorsqu’au loin il aperçut la silhouette d’un grand loup noir qu’il comprit qu’il n’avait probablement pas à faire à n’importe qui. Plus lentement donc, il décida donc d’aller à sa rencontre en prenant bien soin d’afficher un air bienveillant et pacifique. « Bonjour, j’espère ne pas vous déranger. »

Lentement, Archimède décida de s’asseoir face au grand loup noir pour lui montrer qu’il n’avait aucune mauvaise intention. Il sourit même faiblement. « Bonjour, ne vous inquiétez pas, vous ne me dérangiez pas. » Avec respect et politesse, il inclina la tête pour saluer à nouveau le loup. Puis, finalement, il décida que l’autre, malgré ses cicatrices, ne semblait pas sur le point de lui sauter au visage, alors, il poursuivit dans cette course effrénée a la recherche de connaissance. « Je me prénomme Archimède. » Il sourit à nouveau et inclina la tête à nouveau, respectueusement. En se présentant de la sorte, il espérait obtenir l’identité de l’autre loup et, avec le temps, pouvoir comprendre qui il pouvait bien être et pourquoi cette odeur qui s’échappait de lui était si particulière. Mais en attendant, il fallait rester méticuleux et avancer pas à pas.