Kainan semblait avoir vécu la même chose que lui. Un appel du passé. Comme un écho d’un souvenir lointain et oublié. Il le regardait toujours. Attendant qu’il revienne complétement à lui. La tempête semblait se calmer. Mais pas celle qui régnait dans sa tête à ce moment-là. Oh ça non. Et elle n’était pas prête de se calmer.

Doucement, il dévisagea celui qui devrait être son fils. Celui qui portait ses gênes, celui qui devait lui ressembler. S’il avait peur de lui ? Non, certainement pas. Pas avant, ni même maintenant. Il était bien trop occupé à penser à comment il pourrait lui dire. Avec ou sans tact. Avait-il du tact ?

« Peur de toi ? Non… Pas réellement. Et je ne pense pas avoir été une de tes victimes. En revanche, tu… Hum... Je viens d’apprendre que tu es mon fils. »

Devait-il être fier de lui ? Devait-il montrer qu’il l’aimait, ou bien qu’il ne l’aimât pas ? Sorren avait beau réfléchir, il ne ressentait que de la gratitude pour cet étranger qui se révélait être un fils dont il n’avait vraiment pas besoin. Une pensée lui traversa la tête. Devait il aller le dire à Silent Requiem ? Ou le garder pour lui jusqu’à ce que l’alpha l’apprenne par elle-même ? Le deuxième solution semblait être la plus juste. Pour le moment.

« 5, il avait 5 petits dans la portée. »

Il ferma les yeux et se remémora les brèves qu’il avait vu. 5 beaux petits étendus contre les flancs d’une mère dont il ne se rappelait rien. Alpha. Il avait été alpha. Tout cela lui semblait à la fois si irréel et au contraire tellement vrai. Comme si une case d’un puzzle se remplissait de manière logique et normal. Il frissonna et se demanda combien de chose il avait oublié, quels visages ils avaient aimé, et d’autre haït. S’il avait eu d’autres enfants, des enfants nés d’amour, et il se demandait désormais si ses enfants allaient le détester. Il avait tant de questions et si peu de réponse qu’il fut si frustré qu’il avait envie de faire brûler une forêt entière.

« Vous étiez 5, je connais le prénom de seulement trois des louveteaux, et la mère... Je ne l’ai jamais vu. C’était une oméga. » Il n’était pas froid, ni dédaigneux, juste perdu dans un océan d’incompréhension. Il ferma les yeux. La tempête était bien plus calme. Dehors, à l’intérieur c’est un typhon. Il avait envie de partir loin, de hurler et de récupérer sa mémoire dans sa totalité. Si avant, vivre dans le noir lui allait, il était maintenant désireux et fiévreux d’en savoir plus, bien plus.

Tout était calme à présent. Un silence de plomb était tombé. Il regardait son fils comme un étranger. Il n’avait aucun sentiment pour lui. Non pas qu’il ne le veuille pas, mais il ne le connaissait pas. Pas assez en tout cas. Il ne savait pas s’il avait la fibre paternelle, mais en tout cas, ce n’était pas comme ça qu’elle allait se réveiller.

Il leva les yeux au ciel et regardait un bout de ciel bleu, laissant entrevoir un soleil éblouissant. Quelques rayons avez assez de bravoure pour transpercer les nuages, venant réchauffer les deux loup. Il le regardait, il soupira doucement, la question était réelle, il n’y avait pas réfléchi. « Comme tu veux. Ça m’importe peu. ». Il soupira. Il était sincère. Il avait besoin de temps pour assimiler la nouvelle. Il posa son regard dans celui de Kainan, il était aussi inexpressif que possible. Il n’allait pas feindre une émotion. Ça ne lui ressemblait pas. Il espérait que le loup comprendrait. Il allait falloir laissez du temps au temps.

Sorren resta pantois. Il n’avait clairement pas choisi les bons mots. Il manquait toujours de tact. Surtout là. Il avait frappé à côté. Complétement à côté. Il souffla pour lui-même, se maudissant d’être aussi peu subtil parfois. Ce qui était fait, était fait. De toute façon, il s’il l’avait voulu, il n’aurait pas su faire autrement. Avec un peu de chance, Kainan serait compréhensif. Il ferma les yeux, l’espace d’un court instant, cherchant ses mots, espérant ne pas refaire de bourde. « Ecoute, je ne m’en fiche pas, vraiment pas, mais, c’était si soudain, je ne sais pas comment réagir. Je… Je ne te connais pas. ».

Choisir ses mots, il essayait de choisir les mots justes. Il ne savait pas comment faire. Le souvenir était arrivé comme un cheveux sur la soupe. Alors qu’il venait de lui sauver la vie, on aurait pu penser qu’il repartirait l’un et l’autre en ami, Sorren lui en devrait une. Mais non, le destin en avait voulu autrement, le voilà désormais face à un fils dont il ne connaissait rien. Il baissa le nez, soupirant. « On peut, si tu veux, repartir sur de nouvelle bas- »

Trop tard Sorren, Kainan était parti et avec lui toute chance de s'expliquer correctement. Le loup gronda, frustré, en colère contre lui même. Il fouetta la neige de la patte, resta là, planté comme un idiot, ne sachant quoi faire pour le moment.
Résigné, et au bout de quelque heure, le pas lourd et la tête tout aussi lourde, il repris le chemin vers le camp.

||OUT||