Un monde noir, sombre et emplit de douleur. Froid. Il faisait terriblement froid par ici. Et humide aussi. Contre son pelage, elle pouvait sentir de l’eau, glacée. En hoquetant, la toute petite chose ouvrit les yeux. Il faisait toujours aussi noir et comme elle était terrifiée, elle commença à japper, dans l’espoir que quelqu’un lui vienne en aide. Dans sa tête, tout était encore trouble. Qui était-elle et que faisait-elle dans ce monde si hostile ? Elle jappa à nouveau, pleurant doucement pour que quelqu’un lui vienne en aide alors qu’elle cherchait désespérément à comprendre ou elle pouvait bien se trouver. Ou était maman ? Pire, qui était maman ? En possédait-elle au moins une avant de se réveiller dans ce lieu terrifiant ? Paniquée, la petite créature se recroquevilla bien davantage sur elle-même. Autour d’elle, il y avait de grandes plantes d’eau. En dessous de son petit corps tout frêle, il y avait de l’eau, du sable et de la gadoue, mais aussi de la neige. Elle commença à trembler de froid, mais aussi de peur. La toute petite chose tenta bien de se donner du courage mais elle était tout bonnement trop terrifiée pour tenter de se lever. Tout ce qu’elle souhaitait au plus profond d’elle, s’était de pouvoir se rendormir et de se réveiller plus tard, au chaud et à l’abris. Si elle faisait assez de bruit, peut-être que quelqu’un l’entendrait, non ? Alors, dans la nuit noire, la petite louve appela à nouveau de sa voix aigüe. Si seulement quelqu’un pouvait venir l’aider ! Et elle avait si froid ! Elle tenta de se lécher pour se réchauffer un peu, mais elle était couverte de boue. Elle couina de peur et à nouveau elle jappa, implorant le ciel de lui envoyer quelqu’un pour l’aider.

Et puis soudainement, sans trop s’y attendre, la toute petite chose se sent soulever. L’odeur qui l’enveloppe est forte, mais elle ne la connait pas. Elle couine, jappe, mais trop faible pour en faire davantage, elle abandonne bien vite. Était-elle en train de vivre ses derniers instant ? Quelques temps plus tard, ses pattes touchèrent à nouveau le sol et elle se retrouva couchée dans un endroit sec. De contentement, elle soupire légèrement alors qu’une masse chaude vint se coucher contre elle. Doucement, elle commença à se réchauffer et se laisse faire lorsqu’elle senti une langue se poser contre son pelage. Peu à peu, elle se senti un peu plus à l’aise et se détendit. Puis, lentement, elle chercha du regard à discerner la créature qui prenait tant soin d’elle. Très vite, elle pu deviner une créature au pelage très sombre -et elle sentait également qu’il était très doux. En plissant les yeux et en usant un peu de déduction, elle se dit qu’il devait s’agir d’une femelle. « Maman ? »

Sauf que maman n’avait pas cette odeur. Mais qu’elle odeur pouvait bien avoir maman en fait ? Elle ne le savait plus, incapable se s’en souvenir. Inquiète, elle couina. Comment pouvait-elle oublier sa maman ? En quête de réconfort, elle se blotti un peu plus contre la grande femelle noire alors qu’elle tentait désespérément de se souvenir de l’odeur de maman.

La petite créature remue doucement pour se blottir davantage, plongeant sa truffe dans le pelage de la grande femelle noire pour s’imprégner de son odeur. « Je ne suis pas ta maman, mais je prendrais soin de toi mon petit cœur. » La petite chose à subitement mal à l’âme, elle sent son cœur se serrer doucement dans sa toute petite poitrine et elle gémit doucement. « Je veux ma maman… ». Elle couine encore un peu, puis finalement elle se calme. Dehors, elle entend le vent qui souffle avec rudesse et elle se dit qu’elle a de la chance de ne pas être toute seule avec un temps pareil.


Elle se redresse donc finalement et s’assoit maladroitement devant la grande louve et penche la tête sur le côté pour l’interroger avec curiosité. « Qui tu es toi ? » Elle la regarde en plissant les yeux car la luminosité n’est pas à son avantage et elle peine à distinguer les formes. Puis en penchant encore plus la tête sur le côté, elle continue de l’interroger ; « Et je suis qui moi ? ».

Elle avait mal au cœur, la toute petite louve. Elle se sentait vide, incapable de compléter les trous qui avait emplit son esprit et son âme. Et pourtant, la présence de la grande louve noire lui faisait un peu de bien. Un peu. « Je suis Eclipse, et tu es un bébé qui sera très heureux au sein de notre meute. » Bébé, elle ? La petite louve grogna doucement et se redressa pour montrer à la louve noire à quel point elle était grande. Oubliant sa mère qu’elle ne connaissait pas, l’enfant tendit le cou pour se faire un peu plus grande ; « Je ne suis pas un bébé ! Regarde, je suis presque aussi grande que toi ! »

Puis, la petite louve revint se coucher contre le flanc de la louve noire. Maintenant qu’elle s’était habituée, elle parvenait à la voir réellement. C’est ainsi qu’elle pu remarquer que cette dernière était un peu particulière. Alors, sans bouger, elle la scruta un long moment, pleine d’interrogation, avant de demander, avec innocence. « Pourquoi tes yeux ils sont pas de la même couleur maman ? » Parce qu’à ses yeux, c’était évident, la louve était forcément sa maman, sinon, elle ne lui aurait pas sauvé la vie.

Comme elle était satisfaite d’avoir pu montrer à Eclipse qu’elle était grande, la petite louve vint se rasseoir près d’elle pour rester au chaud. Avec un doux sourire, elle regarda sa maman. « Oui, tu es une grande louve. » Très fière d’elle, la petite jappa en remuant la queue. Oui, elle était vraiment très très grande ! C’était absolument évident ! Puis maman changea, comme si elle était subitement triste et joyeuse à la fois. La petite le remarqua et s’en inquièta un peu. Avait-elle dit quelque chose de mal ? Elle avait peut-être fait une bêtise sans s’en rendre compte ? « Hé bien, je suis née comme ça, avec des yeux de couleur différente. »

Toute excitée, elle se hissa sur ses pattes arrière pour atteindre le visage de la grande louve. Là, elle lécha les larmes qui avait prit forme sur ses joues. « Tu as des yeux spéciaux parce que tu es spéciale, c’est sûr ! » Elle jappa, tout doucement, et continua de lécher les joues de sa maman jusqu’à ce que son regard ne dérive vers l’extérieur. Elle voyait la lune, au travers de la neige, et ce malgré la tempête. Elle était jolie, ronde et lumineuse. Puis d’un bon, la petite louve commença à courir dans la grotte à une vitesse folle. Elle fit plusieurs allez et retour puis finalement, elle se heurta au pelage d’Eclipse et cria ; « Je m’appelle Moonlight Sonata ! »