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L'oublié qui manquait - [ LIBRE ]
Mar 11 Déc - 0:25
Invité
Anonymous
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Je me reposais dans ce lieu, sans craintes, apaisée par cette jeune et fine couche de neige recouvrant la surface de l'étendue d'eau devant moi, humant l'air frais venant de la rive voisine, regardant les quelques jeunes poissons reprenant leurs souffles grâce aux bulles d'air prisent au piège sous la glace.

La lune était encore visible dans le ciel, comme une éclipse apparente, son croissant brillait ardemment dans ce ciel encore sombre et teinté d'étoiles brillantes en ce début de matinée. Le soleil chassait doucement cet astre, laissant apparaître des rayons doux et chauds, arrosant la Céleste de couleurs rosées et orangées, rappelant les arbres de ce lieu si mythique, réchauffant mon pelage alourdi par l'air humide. L'horizon n'avait jamais eu de limites, mais ici, il paraissait encore plus loin, inatteignable, plus vaste et mystérieux qu'il ne l'a jamais été.

La plage de l'Espoir, ses conifères bordant le sable blanc et ses galets immaculés, les jeux de couleurs entre le sol sous mes pattes, la mousse humide et ses gouttes d'eau jouant avec ma truffe, les arbres détrempés par la rosée du matin, perdant jusqu'à leurs dernières feuilles orangées et rougeâtres sur ces jours hivernaux, l'eau si bleue et si froide à la fois me rappelait le vide au fond de mon être, le sang gelé qui coulait dans mes veines, jusqu'à glacer la moindre de mes extrémités. Le rocher sur lequel j'étais jonchée ne se séchait pas malgré le levé du soleil, la température de l'air étant bien trop fraîche en cette période de l'année et le froid persistant gelaient les poils présents sous mes pattes, ce qui me brûlaient les coussinets.

J'étais louve au cœur chaud mais j'avais froid. Froid de cette absence persistante dans ma vie, ce vide que je ne savais par quoi combler, par qui combler, ce vide dont je ne connaissais pas réellement l'origine, qui me prenait aux tripes chaque secondes de ma nouvelle vie sur ces terres sacrées. Je ressentais une forte envie d'aimer, d'aimer comme jamais, sans pouvoir mesurer le temps qui passe, comme si la notion de futur n'avait plus d'importance, comme si le cœur était la seule raison de l'âme, comme si mon être tout entier était éprise d'un astre que j'eu connut, dans une vie antérieure, une vie qui n'était plus la mienne mais dont j'aurais aimé me souvenir, une vie dont mon rôle aurait surement été d'un autre destin que celui auquel j'étais assigné aujourd'hui.

J'aimais ma meute profondément. Accueillie docilement et amicalement par mes confrères, les Swallow avaient brisé une partie de ma solitude, ils m'avaient rééduquée. De par mon jeune âge, je n'avais pas encore de rôle extrêmement important au sein de cette nouvelle famille mais les Zeta savaient être patients avec moi et me faisaient acquérir docilité et dextérité au fur et à mesure que les jours passaient. Je les aimais réellement, de tout mon être. 

Mon œil me lançait, je sentais mon nerf optique à vif, mon mal de tête persistant m'épuisait de façon constante. J'osais espérer une trêve dans cette évolution du "parasite". Cela ne faisait que faire grandir mon sentiment de solitude mais parfois j'aimais aussi cette solitude qui était devenue ma compagne de vie, peu bavarde, prenant peu de place physique mais entraînant moult discussions avec moi même. Il fallait que je trouve une solution pour cette chose qui allait surement me détruire, peut être même me faire perdre la vue. Mais comment ? Comment régler un problème dont on ignore la source ?

Un albatros juché sur un arbre non loin de moi vint me raser le haut de la tête en direction du bord de mer et me sortit de mes pensées. C'était un spécimen d'au moins 3 mètres, ses grandes ailes grises déployées avaient créé un courant d'air si puissant que les longs poils blancs de mon cou vinrent me chatouiller le nez, ce qui me fit éternuer et me surprit sur l'instant. Il était beaucoup trop grand et beaucoup trop gros pour plonger, la fine couche de glace se brisait sous son poids alors qu'il essayait d'attraper un poisson venu inspecter innocemment la surface. Déçu par cette tentative de chasse qui était visiblement un échec cuisant, il tenta de se rapprocher du bord de la côte, glissant irrémédiablement et entamant une danse ridicule à chaque pas de ses grosses pattes palmées qu'il faisait pour rejoindre la berge. C'était un albatros hurleur, il avait un plumage aussi immaculé que mon pelage, son parlé était franc et bruyant et appuyait sa défaillance vis à vis de la situation. Il avait faim et il n'arrivait pas à assouvir sa fringale du moment.

J'ouvris la gueule pour le humer, cette odeur m'apaisa immédiatement. J'eu à peine le temps de réellement profiter de ce doux fumet qu'il disparut, dans un soupir, il s'envola vers l'Ouest, loin d'ici, très loin d'ici. Je n'avais aucune envie de le poursuivre mais j'aurais aimé avoir sa compagnie plus longtemps, son tumultueux chant apaisait ma douleur alors l'instant d'un songe, le temps reprit son cours et ne m'attendit pas.

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