Durant l’après-midi, tu avais passé ta journée avec tes semblables, patrouillant par-ci, par-là, marquant de nouveau le territoire. Tu étais toujours un peu à l’écart, mais rien de bien méchant, on te rattraper bien avant que tu n’ait eu le temps de cacher ton ombre. Ils avaient tous le sourire sur les babines, c’était une bonne équipe, elle était même excellente. Tu avais envie de croire que vous étiez les meilleures, que ta meute était la meilleure et que personne ne pouvait la battre. Tu te sentais si bien avec les tiens, mais encore plus quand tu les observais en silence. Ils étaient ta famille, tu pouvais compter sur eux à n’importe quel instant, et eux aussi pouvaient compter sur toi. C’était une chose essentielle à tes yeux, une chose qui te permettait de vivre sereinement, chassant la tristesse dans les décombres de ton passé inconnu.

A la nuit tombée, tu avais décidé de prendre un peu de recul, te retrouver seule pour une fois et profité de la brise du soir. Il faisait de plus en plus frais, cela montrait que cet hiver sera dur à vivre, mais tu avais confiance et savais parfaitement que vous surmontiez cette épreuve tous ensemble.

Marchant doucement vers la plage, tu laissais la fraîcheur ravivais ton corps qui venait de sortir de la tanière. C’était une belle soirée, avec quelques étoiles qui commençait à scintiller dans le ciel nocturne. Tu avais toujours aimé observer le ciel, cela te détendait, c’était la cerise sur le gâteau en quelque sorte.

Gardant cette allure de croisière, une odeur commençait à titiller tes narines. Durant plusieurs minutes, tu n’y prêtas pas attention et continuas à marcher lentement vers la plage. Seulement, une sirène mit ton cerveau en alerte, tes oreilles se mirent droite d’un coup et ton cœur cessa presque de battre. Le dos droit, la tête haute, les quatre pattes encrées dans le sol. Tu venais tout juste de t’apercevoir que cette odeur, aussi fine soit elle, provenait de la plage, cette même plage qui faisait partie du territoire de la meute.

Sans perdre une seconde de plus, tu t’élanças seule vers l’inconnu, accélérant à chaque secondes pour arriver le plus vite possible. Qui pouvait franchir la limite de cette terre qui n’appartenait qu’au Swallow, qui était suffisamment fou pour nous défier ? Tes coussinets foulèrent le sable humide, se collant au poil de tes pattes, parsèment légèrement ton ventre, mais cela n’avait aucune importance. Plus tu t’approchais, plus les crocs sortaient de leur cachette. Tu n’aimais pas les montrer, mais savoir qu’un intrus avait foulé cette terre que tu chérissais tant te mettait dans une rage extrême.

Tu voyais sa silhouette au loin, elle était à quelques mètres, tu pouvais presque lui sauter à la gorge et lui déchiqueter le peu de peau qu’il avait. Tu pouvais presque sentir son sang circuler dans son corps ce sang qui parsèmera très bientôt ce sable que tu aimais tant. Mais il avait souillé cette terre de son odeur, son sort était scellé.

Bandant les muscles de tes pattes arrière, tu le plaquas au sol en grognant ton agacement. De quel droit avait il franchir la frontière ? Comment avait-il pu faire une chose pareille ? Sans attendre plus d’explication, tes crocs transpercèrent sa peau, laissant gicler l’élixir de la vie. Le museau devenant rubis, tes pupilles se plongèrent dans l’œil du canidé qui repoussa pour sauver sa vie.

« Le dessert est enfin arrivé… »

Tu l’observais, cet intrus qui avait ruiné ta belle soirée. La timidité n’était plus existante dans tes pupilles, loin de là, tu étais une toute autre louve quand tu voyais un tel affront. Les mouvements des canidés étaient clairs, mais tu ne te laisserais jamais faire. Pourtant, sa force était digne d’un guerrier, tu ne pouvais pas faire autrement que de tomber sur le sable qui amortissait ta chute. Ses pattes sur ton cou, tu avais du mal à respirer, mais jamais tu ne le laisserais gagner aussi facilement. Les crocs toujours sortis, tu ne laissas aucun gémissement rompre le silence, tu ne devais pas montrer ta douleur en face de cet intrus. A cet instant, les canines du mâle approchèrent dangereusement de ton oreille, allais-tu la perdre sans rien pouvoir faire ? Non ! Bien sûr que non, tu ne te laisserais jamais faire, tu te débâterais pour garder chaque partie de ton corps, mais si un tel malheur devait arriver, tu te vengerais pour honorer ton nom qui aurait été souillé par un canidé sortant de nulle part.

« Préfères-tu suivre le chemin que tes maîtres t’ont tracé. Ou bien vas-tu lever la tête et utiliser tes propres forces pour bâtir le tien ! »

Au moment où tu croyais que tout était perdu, le mâle adressa simplement des paroles. Tu compris très vite à qui tu avais à faire, mais pour rien au monde, tu en quitterais les tiens, ils étaient ta famille, ils t’avaient tous aidé et soutenu. A quel moment tu les abandonnerais ainsi pour vivre une vie « libre ». Personne était libre, on dépendait tous de quelque chose, c’était une boucle sans fin, et même ce loup, ne pouvait faire autrement que d’écouter quelque chose. Notre histoire était écrite dans le marbre, notre futur se trace suivant nos choix, mais tu étais persuadée que tout était déjà inscrit dans le ciel, que si on pouvait lire les étoiles, tu contemplerais ton avenir ainsi que ton passé. Par conséquent, le choix de rester auprès des Swallow était déjà définis et tu ne reculerais devant rien.

Juste après cette réflexion, le canidé déposa son sang sur tes prunelles pour te gâcher la vue avant de se retirer de ton corps. Tu te relevas en reculant pour essuyer le sang sur tes pattes avant. Tu sentais toujours l’odeur du solitaire, il pouvait te tuer, mais il n’en faisait rien. Allais-tu rester ainsi sans rien faire ? Tu ne savais pas. C’était un choix assez compliqué cette fois, mais le combat était inévitable, tu le savais, a moins que les autres canidés Swallow viennent, la patrouille allait sûrement passer à un moment donné, mais quand précisément ? Et surtout, en avais-tu besoin ? Tu étais parfaitement capable de gérer la situation seule, c’était peut-être le mieux à faire après tout.

Après avoir essuyé tes pupilles, tu restais en posture de combat, prête à lui sauter de nouveau à la figure, mais avant toute chose, tu devais lui dire de partir de lui-même. C’était une chose essentielle pour toi, peut-être même pour toutes les meutes, tu n’étais pas si différente des autres, avec une part de timidité en plus.

« Tu as le choix, soit, tu décides de vivre et tu t’en vas, soit tu reste ici en pièce détaché. »

Gardant la même distance, les crocs imprégnés de sang, tu ne clignais pas des yeux, ils étaient bien ouverts, analysant chaque détail, chaque muscle, ainsi que toutes les veines parcourant le corps des êtres vivants. Ta voix était douce, mais autoritaire, tu ne laisserais personne souiller un centimètre de plus la terre de ton dominant.

Ton regard était toujours posé sur le corps du canidé qui faisait des mouvements étranges. C’était la première fois de ta vie que tu voyais une telle chose. Beaucoup s’exprimer par les gestes, mais là, tu avais du mal à déchiffrer. Tu pouvais juste comprendre, qu’il ne partirait pas si tu ne le lui arrachais pas la gorge. Une fois de plus, tu devais souiller le sable de cette plage. Elle qui était si pure et qui ne demandait rien à personne. Un soupir sortit de ta gueule et les crocs reprirent leur position en dehors de la gueule. Elle ne cédera jamais la terre qu’elle chérissait.

Sans attendre une seconde de plus, tu ne pouvais pas te permettre de le laisser marcher sur la plage sans la défendre. Certes, ce n’était qu’une terre, mais Horus avait décidé de la faire sienne, par conséquent, tu ne pouvais pas la laisser aux pattes de cet étrange qui puait les excréments.

Bandant chaque muscle, tu imaginais dans ta tête la scène qui se produira, tu ne devais pas louper t’es coups, tu ne devais pas les retenir non plus. Eclipse, toi qui à tout donné lors de t’es entraînements, tu n’en devais pas te montrer faible, bien au contraire. Deviens le canidé impitoyable que tu es devenu, ne laisse aucune chance à ce loup mal léché.

Tes pupilles devenaient plus fines, ton cœur plus froid et plus dur que la glace. Tu n’étais pas faible et ce mâle allait vite comprendre son erreur en venant sur les terres Swallow.

Un saut, et t’es crocs tranchèrent la peau de la cuisse du canidé. Laissant le sang se mélanger à l’eau de la plage. Tu te délectais de l’élixir divin, le sang avait toujours ce goût si exceptionnel. C’était doux et chaud.

Serrant de plus en plus la mâchoire, tu ne lâcherais pas prise avant un bon moment, voulant que le mâle comprenne son erreur. Tu l’immobilisais sur le sol avec tes pattes pour pas qu’il bouge tout en resserrant un peu plus les crocs dans sa cuisse.

Pour qu’elle raison les solitaires osaient venir sur une terre de meute, alors qu’ils avaient beaucoup de place chez eux. Ils nous apportaient le bâton pour se faire battre, c’était une chose que tu ne pensais pas possible, mais la voici venir à toi sans rien demander. Il essayait de faire en sorte que tu lâches prise, mais pour rien au monde, tu lui offrirais ce plaisir ardent. Dans tes pupilles, une lueur de victoire éclairait ton esprit de guerrière. Seulement, il était prêt à se briser des os pour venir planter ses crocs dans ton épaule. Cette douleur que tu ressentais, elle te disait de lâcher prise et de fuir, mais jamais tu ne ferais une chose pareille, pour rien au monde, tu ne laisseras ce mâle salir la plage sans l’affronter. Au même instant, une étrange lumière apparue tout autour de toi, tu ne comprenais pas ce qui t’arrivais. Dans ce monde parallèle, non, ce n’était pas le même monde, ou en tout cas, tu ne reconnaissais pas cette terre… Tu te voyais, une louve aux yeux vairon, tu entendais chaque parole que les deux canidés prononcés. Le mot Alpha venait taper tes tympans, comment était-ce possible ? Une louve telle que toi succédant à ton ancien dominant ? Était-ce un rêve ou la réalité ? Tu ne savais plus, la seule chose que tu pouvais affirmer, était qu’au levé du jour, tu avançais pour rejoindre un rocher pour obtenir ton nouveau rang. Seulement, plus le souvenir duré, plus il devenait flou jusqu’à devenir noir, pour te plonger dans un second oubli. Sentant ton sang couler le long de ta peau à travers chaque poil. Le vent frais te refroidissait la tête, tu clignas plusieurs fois les paupières avant de te souvenir ce qui se passait actuellement. Tu n’étais plus alpha, mais sigma, et en tant que tel, tu devais agir. Crachant la chair de l’intrus, tu reculas avec tant de force, qu’une touffe de poil resta prisonnière des crocs du solitaire. Avant qu’il n’ait le temps de se relever, tu te jetas sur son cou pour enfoncer tes canines dans sa chair, plus profondément que la fois précédente. Tu sortiras victorieuse de ce combat, faisant honneur à ta meute, car tu le méritais, cette place qui aurait être tienne à disparu à tout jamais, mais aujourd’hui, tu le savais que tu en avais la capacité.

Grognant plus fort, tu te défoulais complètement sur le solitaire, tu voulais comprendre pourquoi cette vision avait disparu, tu voulais savoir pourquoi elle ne t’avait pas dévoilé plus de choses. Pourquoi avais-tu perdu tout ce que tu avais enduré pour obtenir un tel honneur, maintenant plus rien n’existait, tu n’étais qu’un grain de poussière dérivant entre les rochers de l’océan.